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La construction des voûtes gothiques
L’étaiement, le coffrage des nervures, la disposition des couchis, la construction des voûtains, le décoffrage...

Le restaurateur de bâtiment du XXIe siècle, qui intervient sur des voûtes médiévales, doit se documenter sur les techniques de construction anciennes. Les études et parutions dans le domaine sont nombreuses. Elles traitent généralement des différentes méthodes : d’étaiement, de coffrage des nervures, de disposition des couchis, de construction des voûtains et de décoffrage de l’ensemble.
A la lecture des propositions des chercheurs, il n’est pas rare d’être perplexe... L’homme et la femme de métier ont souvent du mal à retrouver les logiques constructives qui mènent à la stabilité de l’ouvrage. Le texte qui suit a pour but de poser les techniques les plus courantes et les plus logiques. Il s’appuie sur une expérience acquise lors de différents chantiers de restauration d’édifices religieux, étayée par des échanges de points vues entre gens de métiers. Il traite des techniques complexes utilisées dans les grands édifices religieux surmontés de charpentes assemblées. Les principaux éléments visuels sont tirés d’une construction en miniature qui permet d’apprécier d’un coup d’œil les ouvrages et leurs détails.
Quand voûter ? La construction du voûtement de l’édifice religieux gothique n’est possible que lorsqu’il est suffisamment contrebuté et chargé. En effet, dès que nous passons à de grandes portées libres, les poussées obliques, générées par les arcs et les voûtains, ne peuvent plus être compensées par la seule stabilité des murs. Aussi, il est indispensable de construire simultanément les chapelles latérales, les contreforts et les arc-boutants, selon les styles, les périodes et les régions. A cette construction simultanée s’ajoute la mise en place de la charpente et de la couverture de la nef. Les grandes églises ou cathédrales n’ont pas été voûtées en plein air. Cela aurait été préjudiciable à la carbonatation régulière des mortiers de chaux grasse. Il est évident aussi, que la qualité de l’intervention, à l’abri de toitures ; comportant des parties à claire voie provisoires apportant une bonne visibilité ; était bien meilleure pour les œuvriers, les œuvrières et les matériaux. Mais encore, les charpentes assemblées et les couvertures assurent une charge verticale et un effet de tirant indispensables à la lutte structurelle engendrée par les poussées qu’exercera le voûtement. Et, "autre argument d’un grand intérêt", les charpentes peuvent recevoir les engins de levage, présents, encore de nos jours, dans de nombreux édifices. Ainsi ces engins, disposés dans les charpentes, ont des cordes moins longues, posant ainsi moins de problèmes d’enroulement et de chevauchement. Par ailleurs, leur positionnement surplombant l’ouvrage, permet une visibilité directe et des manœuvres bien plus sûres et précises.[...]

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