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Au temps des premières Cathédrales
La découverte d’une Cathédrale des Gaules

La découverte d’une Cathédrale des Gaules, d’une qualité exceptionnelle datant du IVe siècle, suite à des travaux effectués dans les jardins d’un ancien couvent situé sur les hauteurs de la ville d’Arles, est le témoignage du temps passé. Cela pourrait paraître un jeu de mots parlant d’une Arlésienne venant brusquement faire une apparition au grand jour de ce XXIe siècle. Plus sérieusement, il s’agit de la découverte d’une Cathédrale des Gaules datant du IVe siècle et construite vraisemblablement vers l’an 350. C’est la première fois qu’en France, l’archéologie nous révèle des vestiges chrétiens d’une telle qualité et d’une rareté suprême. A nos jours existaient seulement deux autres cathédrales connues et aussi anciennes : la 1ere chez nos amis Allemands à Trèves en Rhénanie-Palatinat, la 2eme chez nos amis Suisses à Genève, ville chère aux Compagnons de l’Union pour la Cayenne sise dans le grand Saconnex et réputée pour son accueil et sa convivialité. Nous n’ignorons pas combien la cathédrale et le Compagnonnage sont intimement liés et si l’édifice prend dans le monde Gothique une prépondérance telle qu’on cite le XIIIe siècle comme Le temps des cathédrales, il ne faut pas perdre de vue l’implantation des toutes premières devenant le siège (du latin cathedra) de l’évêque et annonçant en Gaulle l’ère du Christianisme. C’est à la suite de travaux effectués dans les jardins d’un ancien couvent situé sur les hauteurs de la ville d’Arles que vient d’être découvert le témoignage du temps passé et d’une qualité exceptionnelle. La cathédrale longue de 50 mètres possède une abside d’un diamètre de 15 mètres, ce qui est grandiose pour l’époque. Nous somme tentés de mesurer la volonté du Maître de l’ouvrage à imposer à l’architecte un travail hors normes. Pour cela le magister de la construction doit s’appuyer sur des équipes de bâtisseurs de grande qualité. Etaient-ils des ouvriers expérimentés, structurés, dans une sorte de compagnonnage venant d’ailleurs et mélangés à de la main d’œuvre sédentarisées ? Avaient-ils un rituel, des coutumes, une hiérarchie ?... il est de tradition de mentionner d’après la traduction d’écrits anciens égyptiens (Hiéroglyphes) que le temple (bâti en pierre pour durer) que l’on y vient s’initier à la lecture et à l’écriture pour s’orienter vers des spécialités scientifiques ou religieuses - les maîtres artisans (potiers, bijoutiers, constructeurs) étaient généralement formés et instruits en une sorte de compagnonnage. On prête à Imhotep architecte (2778-2600 avant J.C.) le rituel de la première pyramide égyptienne. Plutarque un des célèbres historiens Grec, dans son histoire des métiers nous parle également du fameux Numa établissant les systèmes corporatistes en un seul corps réunissant orfèvres, charpentiers, teinturiers, cordonniers, tanneurs, forgerons et potiers. Là aussi peut-on 700 ans avant J.C. être formel sur l’existence d’une forme de compagnonnage ? La découverte toute nouvelle de la cathédrale d’Arles met en évidence, par le résultat des premières fouilles archéologiques, un pavage de marbre gris et blanc situé dans le chœur mais aussi de plus grandes dalles dans la nef ainsi que la mosaïque noire, rouge jaune et blanche du déambulatoire formant des motifs floraux ainsi que deux croix blanches. Deux colonnes de marbre couchées, sans doute faites de pierre récupérées sur des édifices antiques ont aussi été observées. On a encore trouvé de part et d’autre du monument principal des traces de bâtiments annexes dont la fonction exacte nous est encore inconnue. Il ne faut pas oublier qu’au IVe siècle, Arles se situe au nœud de la voie Domitienne venant d’Aix et allant vers Narbonne et du réseau d’Agrippa qui passe par Valence, Lyon, Châlon, Toul, Metz et Trèves citée pour sa cathédrale. De Lyon également un réseau se dirige vers Genève 2eme cathédrale citée parmi les trois les plus anciennes. Il est vrai que l’histoire religieuse attestée de cette ville provençale est une des plus anciennes au niveau de sa Communauté Chrétienne. La présence du 1er évêque remonte à l’An 254 et l’historien du terroir " Jean Maurice Rouquette " nous informe que "la 1ere église Arlésienne n’aurait pas encore de toit, la hauteur est alors le quartier religieux et les chrétiens s’établissent dans ce site retiré". Ce serait donc là qu’a été bâtie cette 1ere cathédrale. Certainement " l’Edit de Milan " en 313 accordant la tolérance du christianisme dans l’empire Romain fait éclore les édifices religieux ; puis va suivre vers 355 le commencement de l’invasion des Francs Allamans et Saxons et sans contexte l’évêque de Tours serait Saint Martin fondateur du Monastère de Liguge et plus tard de Marmoutier deviendra un des plus important personnage historique de ce IVe siècle. Au départ le prodigieux essor de la cathédrale est lié pour une grande part au mouvement épiscopal. L’évêque du faubourg et habitait au milieu de la communauté se réfugie au temps des invasions dans l’enceinte de la ville et prend de l’autorité sur le civil défaillant. La cathédrale pré-romane naissante se compose de plusieurs sanctuaires où voisinent les écoles et les logis des chanoines et de l’évêque mais va devenir par la suite édifice majestueux. Evidemment quand on parle de l’apogée de la cathédrale, c’est le XIIIe siècle qui nous vient tout de suite à l’esprit. Nous connaissons par cœur le rôle polyvalent qu’avait à cette époque cet édifice. Il était le lien de toutes les cérémonies. Les confréries y tenaient assemblées. Le judiciaire et l’administratif s’y appliquaient. L’état civil s’y archivait. Lié au roi de France, il équilibrait les libertés urbaines face à la puissance féodale. Ce n’est que vers la fin du XIIIe siècle que le relâchement royal va faire apparaître le début de tant d’édifices qui vont devenir inachevés. Peut-être est-ce là la fin d’un compagnonnage mystique faisant place à un nouveau compagnonnage axé sur des métiers manuels plus près du peuple et moins nobles au regard de certaines gens. Si aux chantiers si vastes et si nombreux a répondu un type d’homme apte à traduire les aspirations de la cité et dont les contraintes du bâtiment n’aura d’autres bornes que la matière elle-même (la portée des nefs ne saura excéder la longueur des entraits de charpente) l’art du trait annonçant la géométrie descriptive aura succédé au mysticisme roman. La grande vague iconoclaste du XVIe siècle conduisant la mutilation de tant d’édifices chrétiens tel Sainte Croix à Orléans obligera les Orléanais voulant retrouver la pierre angulaire de leurs anciens à reconstruire leur cathédrale dans le style d’origine. Partout ailleurs, les chanoines jugeant démodés leur édifice, détruisent jubés, mutilent tympans et incorporent des autels dans le lieu du culte. Si du moins en apparence la crise révolutionnaire ne porta guère atteinte aux cathédrales, les biens religieux aux mains du ministère des cultes seront restaurés par les architectes des monuments historiques. Violet le Duc traitait la cathédrale de " tombeau vide ". Aujourd’hui les fidèles de moins en moins nombreux, éduqués dans l’attente sereine de la parousie laissent de plus en plus la place aux touristes croyants où au culturel sous le couvert de concerts et de visites guidées de trésors. Certainement dans les temps à venir d’autres démolisseurs ou archéologues réveilleront de belles endormies, parées de tous les luxes dans de magnifiques témoignages de Bâtisseurs des premières cathédrales. Comme Arles des preuves indélébiles réapparaîtront nous confortant dans cette longue histoire nommée « Le Compagnonnage ».

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