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TYPOGRAPHE

Du typographe… au metteur en page

L’univers de la fabrication du livre comprenait un nombre important de métiers : papetier, dessinateur de caractères, graveur de poinçons, fondeur de caractère, maquettiste, compositeur typographe, metteur en page, correcteur, pressier ou imprimeur, brocheur, relieur, doreur, graveur sur bois, taille-doucier (graveur sur métaux), lithographe (sur pierre) et, à l’apparition de la composition mécanique, linotypiste, monotypiste, clicheur, phototypiste, etc. Sans oublier les parcheminiers, les éditeurs et les libraires, plus anciens. Ils étaient tous dépendants les uns des autres et formaient une corporation importante et influente. Ils étaient constitués en « chapelles » et fêtaient leur saints patrons : saint Jean Porte Latine, le 6 mai et saint Martin au mois de décembre (à date variable). Tous les métiers « modernes » du Livre sont des descendants de ces derniers.

Le métier de typographe est issu de « l’invention » de l’imprimerie par l’allemand Johann Gensfleish (dit Gutenberg), entre 1440, à Strasbourg et 1450, à Mayence. Cette « invention », elle-même fille du monde des copistes du moyen âge, s’est répandue à travers toute l’Europe au XVI e siècle, avant de gagner le monde entier.

Le métier du metteur en page est l’héritage de celui du typographe, avec un métier intermédiaire, celui de photocompositeur-metteur en page (ou monteur papier).

Il faut donc distinguer trois grandes étapes dans l’évolution du métier, le premier, celui du typographe, a vécu cinq cents ans, le deuxième, celui du photocompositeur, trente ans et le troisième que l’on nommera metteur en page, progresse et se transforme depuis dix-huit ans.

Vous trouverez ci-après des renseignements généraux sur les arts et industries graphiques et d’autres plus orientés vers la formation.

1) Le typographe

Il avait comme travail de calibrer (évaluer l’encombrement futur), de composer à la main le texte tiré d’une copie manuscrite, en levant les lettres (les caractères) de la casse (tiroir en bois où les caractères étaient disposés). Il justifiait les lignes de texte et les interlignait dans un composteur. Il ligaturait (fixation avec de la ficelle) les paquets de composition, pour en faire une morasse (impression rapide à la main ou sur une presse à épreuve), pour le correcteur. Il effectuait ensuite le corrigeage (corrections apportées à la composition), avant la mise en page, l’imposition et l’impression. Une fois le texte imprimé, il redistribuait les caractères dans les casses pour une utilisation ultérieure. Un adage de typographe disait : « faire et défaire, telle est notre affaire ».

Les imprimeries sont le creuset des langues et des écritures depuis le temps de Gutenberg. La plupart de leurs membres devaient savoir lire et écrire. C’est pour cela qu’ils ont toujours été considérés comme des gens dérangeants et dangereux.

A l’heure d’un monde informatisé à outrance, il reste très peu de typographes, pour de simples raisons de délais (la composition à la main prend du temps) et de coût (plus long égal plus cher). D’autres facteurs, et non les moindres, sont la rareté du caractère (parti chez les ferrailleurs dans les années 70 à 80) et l’interdiction de manipuler des métaux comme le plomb. Les derniers typographes composent des ouvrages d’art ou des livres d’artistes, pour les bibliophiles (amoureux de beaux livres), souvent accompagnés de gravures sur métaux ou sur bois et parfois de quelques lithographies, mais ils ont tous plus d’une soixantaine d’années. Il y a eu malheureusement une cassure dans la chaîne de transmission des gestes et des « finesses » de métiers et il est assez difficile de rétablir un ensemble cohérent de la pratique typographique. Et je n’ose même pas évoquer l’histoire de ces professions et de leurs traditions. Comme il se dit : c’est le cordonnier qui est le plus mal chaussé. Toutes mes excuses aux cordonniers…

A la mécanisation des ateliers (fin du XIXe siècle) avec les machines Linotype (composition de lignes-blocs, 1884) et Monotype (caractères mobiles, 1887), le nom de compositeur est resté, mais le métier s’est modernisé, on ne levait plus la lettre mais on la tapait directement sur un clavier. On lui a aussi donné le nom d’opérateur ou de claviste.

2) Le photocompositeur - monteur

A la deuxième grande révolution technique, électronique cette fois (à partir des années 50), le compositeur devient photocompositeur, parce que le « bromure » (la sortie papier) était réalisé à l’aide d’une sorte de gros « appareil photo » (la photocomposeuse), dont le rayon ou le flash lumineux passait à travers un disque ou une carte « matrice » pour reproduire les lettres sur un papier photosensible et développé comme une photo. C’est ce « bromure » que l’on découpait à l’aide d’un « cutter » et d’un typomètre (instrument de mesure propre au métiers du Livre et gradué en points Didots et en « douzes » ou « cicéros ») et que l’on collait ou que l’on encirait pour le montage des pages, sur des tables lumineuses. Ce sont ces pages montées qui servaient ensuite, en photogravure, à faire des films positifs ou négatifs à l’aide desquels on copiait les plaques « offset » (autrefois en zinc, aujourd’hui en aluminium), par insolation aux rayons ultraviolets de la couche photosensible. Ces plaques étaient ensuite mises sur presse pour réaliser l’impression.

3) Le metteur en page

Les années 80 ont vu une nouvelle révolution technique, l’informatique, avec l’apparition des écrans de mise en page, aussitôt suivi par la « pagination assistée par ordinateur » ou PAO. On passe rapidement de très gros systèmes mécaniques ou électroniques à un simple ordinateur, chargé de logiciels de composition, de mise en page, d’illustration et de traitement de l’image, connecté à une imprimante de sortie, permettant des temps de réalisation jamais atteints jusqu’alors. De fait, le photocompositeur est devenu metteur en page.

Ce métier requiert une bonne connaissance de la langue française et une excellente pratique du « code typographique » (ensemble des règles qui régissent et unifient la préparation de la copie, la composition, la correction du texte et de sa mise en forme), dans tous les secteurs professionnels cités ci-dessous. Le but étant de laisser un travail soigné, en utilisant une méthode comprise et utilisable par tous, ce qui facilite la reprise d’un travail par tout autre intervenant. Cela nécessite d’être rigoureux, d’avoir un esprit ouvert, méthodique et solidaire. Nous faisons partie d’un ensemble et on doit faciliter le travail en amont et en aval. Il faut tenter d’être imperméable au stress, le client est toujours en retard mais il veut le travail en temps et en heure.

Le metteur en page, d’après une maquette, mettra en place l’architecture de la ou des futures pages. Il dispose les différents éléments (appelés blocs), qui vont recevoir soit du texte, soit des illustrations, soit des images. Il doit monter ses pages avec un soucis d’harmonie et en rectifiant, au fur et à mesure, ce qui paraît désagréable à l’œil. Il effectue les différentes corrections, sur le texte et sur les images, et transmet sa page pour les étapes suivantes.

Il faut dire un petit mot sur l’amour du métier, à une époque de grands bouleversements, et à la nécessité de se pencher sur son histoire et sur les techniques dites traditionnelles, que beaucoup considèrent comme dépassées. Quand les outils d’un métier commencent à entrer dans les musées, il est urgent de savoir ce que l’on pourrait sauver, en outils, en matériel, et surtout en savoir faire, avant leur disparition complète et irrémédiable.

Cela fait plus d’un siècle que les métiers du Livre sont représentés au sein de l’Union Compagnonnique des Devoirs Unis et il serait préférable qu’ils ne disparaissent pas… Seul impératif, les travaux que vous devrez effectuer seront réalisés de vos mains, d’où l’importance de la sauvegarde des métiers traditionnels. Il n’existe plus de Tour de France pour ces métiers, mais vous pourrez être « sédentaire ». Et pourquoi, cela ne serait-il pas l’occasion de remettre au goût du jour le cheminement compagnonnique de ces métiers ?

De nos jours

Un nouveau métier tend à être imposé, mais cela ne tient pas compte de la diversité des métiers d’origine, c’est celui de compograveur (compositeur et graveur). Il consiste à réunir en un seul, des métiers aussi différents que maquettiste, compositeur et metteur en page (auparavant typographe), infographiste, créateur de logotypes, illustrateur, photograveur, flasheur (avec toutes les notions de colorimétrie, de détourage, de retouche d’image et de scannerisation) et il faut tenir compte aujourd’hui du multimédia (réunion des média comme le texte, le son, l’image fixe ou animée, sur un seul et même support).

4) Les arts et industries graphiques

Nos métiers sont réunis dans un sous-ensemble appelé prépresse (avant la mise sous presse) ou « préparation de la forme imprimante ». Cela regroupe les métiers agissant avant l’impression, dans les secteurs suivants :

– l’imprimerie de Labeur (de la carte de visite à la petite brochure, en passant par l’affiche) ; – l’imprimerie intégrée d’entreprise (il n’en reste pas beaucoup) ; – l’édition (le monde du livre) ; – la presse quotidienne régionale (PQR) et la presse quotidienne nationale (PQN) (secteur bouché) ; – la presse périodique (presse d’information générale qui n’a pas une parution quotidienne) ; – la presse magazine (presse plutôt spécialisée) ; – l’emballage (de produits consommables) ou « packaging » ; – la publicité ; – le textile, le papier peint, la publicité sur lieu de vente (PLV), et toute chose imprimée...

Un nouveau secteur professionnel apparaît, c’est le multimédia (Internet, création pour les DVD et les logiciels graphiques comme les jeux, …).

Nous sommes à l’ère du tout numérique, avec des transferts de données, en poids et en franchissement de distances, qui ont supprimé beaucoup de limites. On envoie du texte de Montréal (Québec), des images de Papeete (Polynésie Française), on les rassemble et les traite à Paris, pour ensuite les faire imprimer ou les mettre en ligne sur Internet à Anvers (Belgique). Tout cela dans des délais très courts, en l’espace d’un petit « clic »...

Des chiffres pour l’industrie graphique (ministère de l’Économie, de l’Industrie et de l’Emploi, 2008) http://www.industrie.gouv.fr/sessi/...

5) Les formations

Voici des liens Internet qui vous guideront vers des sites dans ces domaines.

Pour ce qui concerne le côté artistique des métiers, il n’y a plus de formation de typographe, depuis longtemps. Il existe ou existait une formation complémentaire dans quelques lycées d’arts. Par contre, il paraît régulièrement une revue, vendue dans le commerce, « Art et Métiers du Livre » et un « guide des professionnels des arts du livre et de l’estampe » a été édité en 1999 par Arts et Métiers du Livre Éditions (c’est un peu dépassé aujourd’hui, mais il reste des survivants). http://www.art-metiers-du-livre.com

Pour le côté plus moderne, toutes les formations à ces métiers sont généralement enseignées au sein des groupement d’établissements publics d’enseignement ou GRETA. Je ne vous cache pas qu’il il a eu encore beaucoup de modifications ces dernières années.

Pour avoir des renseignements au niveau de votre académie veuillez consulter ci-après : http://www.education.gouv.fr/cid255...

Pour ce qui est plus spécifique à l’Île-de-France : http://www.reseaugraphique.greta.fr...

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